Poupette, viens prendre ta fessée!
Re bonjour, camarade
Derrière ce titre volontairement provocateur, se cache un drame familial vécu hier.
Poupette kiffe le bain, et ce depuis qu'elle est toute petite. Mais ces derniers temps, c'est la croix et la bannière pour réussir à lui faire faire trempette avec son frère. Elle couine, palabre, négocie, fait trainer les choses... Bref, elle fait ch*** et met nos nerfs à rude épreuve. Ce qui était un plaisir quotidien est devenue depuis quelques semaines une corvée pour elle comme pour nous.
Hier soir, pêtage de plombs de sa part en bonne et due forme : roulades par terre, hystérie, pleurs, course dans la maison... et le tout à poil, bien sûr. Tout ça pour ne pas prendre son bain avec son petit frère, mais après lui. Sauf que le soir, on sait tous combien c'est plus rapide et pratique de mettre tout ce petit monde en même temps dans le bain.
P'tit Bouchon était déjà gentiment dans la baignoire à s'éclater avec sa cuillère et son verre en plastique pendant que le Mari tentait de rattraper la furie. Il finit par y arriver, et tente de la foutre dans la baignoire. Je dis tente parce que la bourrique s'arqueboute de toutes ses forces au contour de la baignoire, les pieds sur le rebord, les fesses au ras de l'eau, impossible de la faire s'asseoir. P'tit Bouchon regarde tout ça d'abord paisiblement puis de plus en plus inquiet, avant d'éclater en pleurs, terrorisé par les cris de sa sauvageonne de soeur.
Et là, c'est le drame : je la préviens que si elle n'est pas assise à 3, c'est la fessée. Elle me regarde effrontément, me laisse compter. Je ralentis la cadence à 2, compte 2,1; 2,2... pour lui laisser du répit. A 3, toujours rien, ben j'y vais. Mademoiselle s'est donc pris sa fessée, ça a claqué bien fort sur son petit fessier dodu, elle s'est arrêtée net avant de s'asseoir en pleurant. Sans doute plus vexée et blessée dans son amour propre qu'ayant vraiment eu mal, elle a fini par se calmer et le bain s'est terminé dans une ambiance lourde mais plus calme.
Au moment de la coucher, pas de lecture, pas de chanson, juste la prière dans laquelle nous avons demandé au petit Jésus d'aider Poupette à être plus obéissante et Papa et Maman à être plus patients. Nous avons ensuite parlé avec elle, lui expliquant que cela ne nous avait pas du tout fait plaisir de lui donner une fessée, qu'il fallait qu'elle apprenne à mieux se contrôler et à obéir et que nous ne céderions pas à ses caprices. Nous nous sommes demandés mutuellement pardon, et nous avons tourné la page avec elle.
Mais son attitude et ma réaction me font me poser beaucoup de questions. Oui, la fessée, c'est nul, c'est le ma, on peut faitre autrement. C'est en tout cas ce qu'on nous serine partout, dans toutes les émissions, sur tous les sites pour enfants, dans tous les livres. Vive le dialogue, à bas la fessée! Je ne pensais pas arriver un jour à lui en donner une, et je m'étais toujours dit que je privilégierai le dialogue et l'explication à toute rupture de communication. Ca n'a rien à voir avec ce que j'ai pu lire, mais j'ai reçu suffisamment de fessées et de claques quand j'étais petite pour savoir que c'est humiliant et douloureux physiquement et psychologiquement, et que ça n'apporte pas grand chose finalement. Je n'en suis pas morte. Je considère même que ça m'a permis de me construire et d'avoir des principes éducatifs différents de ceux qu'avaient mes parents : je pense être une mère à l'écoute de ses enfants, qui n'est pas ni permissive, ni démissionnaire, qui ne considère pas ses enfants comme des rois, qui pose des limites à ne pas dépasser sans être dans une relation de conflit ou de cris, qui prend sur elle et fait preuve de patience. Enfin, en général. Parce qu'hier, au milieu de ces hurlements, face à une petite fille de 3 ans et demi qui me tenait tête, j'ai perdu pied. Fatiguée, excédée, incapable de trouver autre chose qu'une fessée pour la calmer.
Pourquoi ai je réagi comme cela? J'aurai du lui montrer l'exemple en prenant sur moi et en faisant diminuer la pression, non? Suis je de ces parents qui, pour couper court à toute tentative de "rebellion" de leurs enfants, systématisent la fessée? Aurai je pu faire autrement? Et si oui, quoi? Où Poupette s'arrêtera-t-elle la prochaine fois? Est ce le début d'une longue série de fessées? Suis je comme ma mère? Vais je répondre à chacune de ses questions "c'est comme ça, pas autrement, parce que je suis ta mère?" Vais je finir par la mettre sous une douche glacée pour la calmer?
Bref, cet incident me renvoie à tous mes grands principes éducatifs, tout ce que j'ai pu vivre enfant et me jurer de ne jamais faire subir à mes enfants, tout ce que je déteste comme réaction excessive et incontrôlable. Poupette n'est pas responsable, je le suis, j'aurai du réussir à la calmer. En tant qu'adulte, c'était à moi de résoudre la situation.
Mais en même temps, je n'ai aucune envie de céder : Poupette est dans la phase épuisante du "moi, je", "je veux", "je veux pas", "j'aime pas", "non". Tout est un combat, en ce moment avec elle, et je ne veux pas lui donner raison et accéder à toutes ses demandes. Elle cherche les limites, ça se sent : quand on lui dit non, elle finit par obéir, dire oui et retourner vivre sa petite vie, en redevenant une gamine de son âge. C'est lui rendre service que de ne pas céder à chacune de ses demandes, c'est lui permettre de se construire en tant que future adulte, lui donner des repères...
Me voilà donc tirailler entre ne pas céder et ne pas être trop dure. Quel métier que celui de parents! On apprend avec nos enfants, et d'eux. Je pense que c'est surtout compliqué avec l'ainé : pour les suivants, on est plus flexible, plus coulant. Je le vois déjà avec P'tit Bouchon. Mais il est où, le manuel d'utilisation, bordel!!!
Et toi, tu t'es déjà retrouvé démuni face à un de tes enfants que tu n'arrivais plus à raisonner? Qu'as tu fait? Quels sont tes secrets pour garder ton calme et rester à ta place de parent?